Froide…
Ce matin, Mars était vraiment très froide.
Fuindin avait scruté attentivement les indications du satellite météo sur son moniteur. Trop froide pour sortir creuser, même avec son beau scaphandre tout neuf. Mais les vents étaient faibles, la visibilité au dehors relativement bonne. Aussi avait-elle décidé d’entreprendre une deuxième sortie, pour goûter encore une fois cette sensation de liberté, qui lui avait paru si délicieuse la première fois.
Sur les conseils avisés de son nouveau groupe d’amis, elle avait cette fois-ci soigneusement programmé son itinéraire, afin de profiter au mieux du paysage des alentours. Et la turbine avait démarré en vrombissant…
Elle avait roulé plus d’une heure, toute entière accaparée par sa conduite.
La Rouge était froide, oui, mais magnifique !
Et puis elle avait distingué un point à l’horizon. Un gros rocher isolé, sur cette surface jusque là si plane ? Non. Le bet’ se rapprochant, elle vit que cela était de taille plus modeste … Et la forme… comme une silhouette vaguement humaine. D’un coup de volant, elle fit légèrement dévier sa trajectoire. Un terra qui travaillait par ce froid ? Mais elle n’avait repéré aucun bunker à proximité… Personne n’aurait osé s’éloigner ainsi de son abri par un tel froid, pensa-t-elle, même les plus durs à cuire aperçus au Bar ! Peut-être était-il en difficulté ?
Et puis, la distance diminuant rapidement, elle comprit soudain ce vers quoi elle avançait…
Elle stoppa la turbine de son engin, et descendit lentement de son véhicule. Plus besoin de se presser.
Enfoncé - presque jusqu’à la taille ! - dans le sol martien, ce terra n’aurait plus jamais besoin de secours…
Avec un dégoût mêlé de fascination, elle observa un moment la lame circulaire rouillée fichée en travers du casque.
Des morceaux du scaphandre manquaient, peut-être arrachés par les vents martiens. Ou par autre chose… Elle ne regarda pas ce qui pouvait rester à l’intérieur.
Qu’avait-il bien pu se passer pour qu’il connaisse un sort si funeste ? Nul ne le saurait sans doute jamais. Puis elle se mit au travail, avec un frisson. Elle ne pouvait pas le laisser là. Qui qu’il ait pu être. Quoi qu’il ait pu faire. Tom’ lui saurait s’occuper de cette macabre découverte, afin d’apaiser l’âme de ce malheureux. Et la sienne.
Malgré le soleil levant, Mars lui paraissait plus froide que jamais.
Lun 4 Aoû - 0:42